jeudi 16 août 2012

ROUTE DES LAVOIRS : CIRCUIT MONTREAL SUR SEREIN

Il est 7h00, quand j'arrive avec ma petite voiture à Montréal sur Serein pour effectuer le troisième et dernier circuit de cette très belle "Randonnée Permanente" : LA ROUTE DES LAVOIRS EN PAYS TONNERROIS. La météo annonce une journée très chaude : effectivement le ciel est bien dégagé et le vent venant de l'ouest souffle à 5 kmh et même quand il passera à sud-est à la même puissance, jamais il ne constituera une gêne. Je sors le vélo du véhicule et je pars autour de 8h00 et là surprise .... la fraîcheur (12° !!) qui me fait regretter ma tenue estivale. Heureusement les manchettes et les montées vont réchauffer la "machine".

En cliquant ICI , vous aurez le détail du parcours

 A la sortie d'Angely, je franchis pour la première fois le Serein. Cette rivière est un affluent de l'Yonne, elle est longue de 188 kilomètres, ce qui la place au rang 31 des rivières françaises.
 A l'Isle sur Serein, je m'arrête devant la Tour de l’Evêque qui  fut la demeure d’Antoine de Chalon, évêque d’Autun et de Lyon. Il fut le dernier de la dynastie des Chalon,  Seigneurs de L’Isle-sur-Serein. Il  décéda en 1500. Quelques siècles plus tard, le sceau épiscopal de l’évêque fut découvert dans cette demeure.
 Je retraverse à nouveau le Serein à la sortie de l'Isle sur Serein, puis prend une route à droite qui me mène

 à Civry sur Serein qui possède 
une remarquable église avec un porche monumental du 13è siècle qui aurait été amené après la construction de l'église et viendrait de Montréal. Ce porche roman, carré, formé de quatre arcades en plein cintre est classé à l'inventaire des monuments historiques.

 Un peu plus loin, j'entre dans le lavoir du village puisque c'est le thème de la randonnée.
 Plus loin j'arrive à Noyers sur Serein et m'arrête devant son lavoir. Le lavoir a été construit au début du 19e siècle avec les pierres de démolition de la Tour des Enfants perdus.Situé sur l' emplacement d' une ancienne fontaine, en contrebas de la route Avallon-Tonnerre, le lavoir est accessible depuis la route par une esplanade en pente.
 L' édifice est de plan rectangulaire allongé, creusé en son centre d' un long bassin rectangulaire, bordé d' une pierre à laver. La façade antérieure est percée de huit baies semblables en plein cintre encadrant une porte centrale. Les façades latérales sont ouvertes au nord, d' une large baie centrale et au sud, d' une porte. La charpente est constituée de 6 fermes simples et couverte d' un toit à deux pans en tuile plate.

 Je franchis à nouveau le Serein pour arriver devant
  la porte Peinte (ou porte d'Avallon) est une porte de forme carrée.
 La porte franchie, on arrive place de l'Hotel de Ville
 avec ses vieilles maisons, datant du XVe siècle et peu remaniées depuis
 Il y a aussi de nombreuses maisons à pans de bois des XVe siècle et XVIe siècle. On peut notamment citer La maison du compagnonnage aux pinacles gothiques et aux chapiteaux sculptés datant du xve siècle, représentant les bourgeois de la milice, Saint Crépin patron des cordonniers ou Saint Crépinien patron des savetiers.


 Je sors de ce "voyage Médiéval" par la Porte de Tonnerre (ou de Sainte-Vérote),  bâtiment tout aussi massif avec un toit de lave. Dans la niche de cette porte, se trouve une statue polychrome bourguignonne de la vierge datant XVIe siècle. Cette statue est ornée tous les 15 août d'une grappe de raisins, vert ou vérot, c'était pour protéger les vignes des orages estivaux, d'où son nom Sainte Vérote.
 Le parcours quitte les rives du Serein pour rejoindre celles de l'Armaçon. Pour cela il faudra gravir une belle côte au sommet de laquelle la vue est illimitée. Je me dirige vers Lézinnes où la boulangère locale affranchit ma carte de route. La réalisation de cette "Randonnée Permanente" se précise.....
 A la sortie de Lézinnes, je franchis l'Armançon. Cette rivière de 202 kms (37ème rivière de France) est un affluent important de l'Yonne. Une petite côte à négocier et c'est la descente vers
  Argenteuil sur Armançon et un arrêt devant son lavoir monumental construit en 1834. Il possède sept arcades en façade.

 L’eau de son bassin est claire et le sol tout autour est dallé.
 Plus loin, je bifurque à droite et prend le Val de Balcey qui en pente douce va me mener
 vers Villiers Les Hauts. Je descends une très belle pente, franchis l'Armançon ,
 longe le canal de Bourgogne
 pour m'arrêter au lavoir de Chassignelles. Il a été construit nous dit la notice explicative "consécutivement à l'ouverture du canal de Bourgogne en 1837. Son bassin mesure 7,60m sur 2m. Il a été utilisé par les laveuses jusqu'en 1965.  Il était construit en pierres de taille provenant des carrières voisines de Cry et de Pacy". Situé près d'une écluse, il avait deux modes d'approvisionnement en eau.
Soit, il recevait directement l'eau de pluie du fait de ses toits inclinés vers l'intérieur,soit il était alimenté directement par l'eau du canal.

 L'eau, jamais perdue, était restituée au-dit canal.
Cinq niches permettaient de déposer du matériel afin de ne pas gêner la circulation. Les piliers étaient isolés du sol et, ainsi protégés du pourrissement, par des massifs en pierre taillée. L'accès à ce lavoir se fait par un raide escalier. On imagine aisément la difficulté pour les lavandières avec leur brouette de lessive.
 En haut du village, très exactement à sa sortie se trouve l'Eglise de style roman, datée du XIIème siècle. Sa toiture est en "laves" (c'est à dire en pierres plates) dont l'épaisseur énorme et très lourde nécessitait une très solide charpente.

 Le grand intérêt de l’église de Chassignelles réside dans ses peintures murales. Ailleurs, les décors qui ont été préservés viennent presque tous de bâtiments riches ou importants. Il s’agit ici d’une décoration très simple, pour une église rurale sans beaucoup de moyens. Partout ces peintures murales ont disparu, ce qui fait l’intérêt de celles de Chassignelles…

  Ici l'Annonciation.
Le magnifique plafond de l'Eglise fait de losanges et fleurettes, fleurs de lys, entrelacs, hexagones. Je poursuis ma route et atteins

 Nuits où je franchis à nouveau l'Armançon pour me diriger vers
 le château , construit vers 1560 par François de Chenu, seigneur de Ravières. Il est un exemple d'architecture Renaissance. Doté d'une façade à pilastres surmontée d'une toiture en ardoises, il présente un décor sobre et des volumes rigoureux. Ses caractères défensifs encore nombreux et évidents en font une œuvre à part. Les intérieurs historiques du château (dix-huit salles ouvertes à la visite) offrent une promenade originale à travers cinq siècles de vie quotidienne de ses occupants successifs : les Clugny, La Guiche, Berthon.
Je quitte Nuits et beaucoup plus loin, j'arrive

 devant le lavoir d'Aisy sur Armançon. Ce lavoir a été construit entre 1825 et 1826, c'est un édifice construit sur un plan rectangulaire, éclairé par 6 baies et une porte centrale de plein cintre, dans la façade principale, avec, au centre du bâtiment, un bassin creusé et bordé de pierres à laver.

 Il faut quitter la vallée de l'Armançon et rejoindre celle du Serain. A partir d'Aisy, j'entre dans le "dur" de la Randonnée avec une longue montée de près de 160 m de dénivelé d'environ 8-9 kms. De plus il est 14h et la chaleur atteint les 40° en plein soleil.
Au terme d'une deuxième grimpette, j'arrive au prieuré de Vausse. L'église  est de grande dimension (33 m de longueur, 7m30 de largeur, 9 m de hauteur9) par rapport au cloître et au nombre de moines qui n'a jamais dépassé la vingtaine. On sait que dans les premiers temps, les fidèles venaient très nombreux au prieuré. Au XVe siècle, on construisit pour eux une annexe, dans le prolongement de laquelle se trouvait une chapelle. Aujourd'hui ne subsistent plus que quelques amorces de murs.
  Le prieuré de Vausse a été fondé en 1200 par Anséric de Montréal et dépendait de l'abbaye du Val-des-Choues (Côte-d'Or). Vendu comme bien national à la Révolution française, il abrita jusqu'en 1858 une faïencerie dont les productions sont très recherchées.



 Construit en 1491 et 15114, le cloître carré de 21m30 de côté9 est adossé à l'église au nord, et à des corps de logis avec d'anciennes cuisines désaffectées au sud et à l'ouest. Il s'ouvre à l'ouest sur la cour extérieure, et à l'est sur le potager.
En 1745, l'aile orientale ravagée par un incendie fut détruite : la salle capitulaire et le dortoir des moines à l'étage furent rasés. Il ne reste dans l'angle sud-est du cloître que le départ de l'escalier à vis qui menait à l'ancien dortoir.
Les galeries, composées chacune de neuf arcades en plein cintre, entourent un jardin avec un puits. Les eaux de pluie sont recueillies par des chéneaux en pierre et conduites jusqu'à une citerne sous le jardin.
Je poursuis ma route pour atteindre

 Blacy et le lavoir préféré de l'organisateur de cette "Randonnée Permanente". Un des plus anciens lavoir de l'Avallonnais est à n'en pas douter " La Fontaine " de Blacy ou " Lavoir Romain". Aucun plan ne figure aux archives et seule une évaluation de la commission régionale de l'inventaire de Bourgogne en fait un lavoir du 18ème siècle, ce qui semble bien prudent pour une construction aussi rustique.

 A mi pente dans une colline qui surplomb la vallée du Serein " La Fontaine " est une robuste construction dont on aperçoit le pignon et le toit à deux pans en tuile de Bourgogne qui ont remplacé les laves. Une entrée rectangulaire et une ouverture cintrée en pignon, éclaire l'intérieur voûté.


 Deux bassins en cascades reçoivent d'une belle fontaine en berceau l'eau qui sort de la roche. Une goulotte de 2M de long conduit cette eau aux bassins. Ces deux lavoirs monolithiques, taillés en auge, ont la même largueur 1M40 et la même profondeur 0,35M.

 Le premier niveau est pavé de pierres en hérisson. Pour accéder au second niveau dallé, on emprunte un escalier composés de trois marches et situés de part et d'autre des bassins.
 L'appui de la fenêtre est un bloc de pierre long de 1M70. Un accès vouté coté sud révèle un mur de 1M40 d'épaisseur à allure de contre fort.
Les accès parraissent si réduits qu'on se demande comment les bassins y furent introduits
L'entrée haute de 2M50 et large d'1M est suffisante pour permettre le passage de bassins hauts de 0.60M sur 0.70M de champ .

Je gère les derniers 10 kms tranquillement ("sereinement" en référence à la Rivière) pour arriver

 à Montréal-sur-Serein, terme de ma randonnée. J'entre dans la ville fortifiée par la Porte dite "d'en Bas". Les quatre portes établies au XIIIe siècle, étaient des tours carrées surmontées de mâchicoulis et équipées de doubles portes et de herses en fer. Les remparts étaient renforcés par des tours rondes et carrées. En 1455, on en dénombrait 19.
 Je sors de ce bastion fortifié par la Porte du Milieu après une rude montée sur pavés avec un pourcentage de 8% pour accéder à
la collégiale Notre-Dame, construite au XIIe siècle par les Anséric, seigneurs de Montréal.
Bâtie à une époque de transition entre le roman et le gothique, elle a été qualifiée de "véritable bijou architectural" par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc à qui l'on doit sa restauration.
Le portail en plein cintre est une œuvre remarquable. Tout d'abord, par son équilibre, son assise est large : il occupe le tiers de la façade. Particulièrement bien proportionné, il semble soutenir avec une extrême finesse, la rosace qui l'effleure à peine.

 Les colonnettes, de part et d'autre des portes, sont séparées par des rangées de fleurs bien ciselées, qui font du portail un beau spécimen de l' "art bourguignon fleuri".

 Les stalles sculptées qui ornent la collégiale nous ramènent à la Renaissance. Le roi François Ier, en remerciement de l'accueil qu'il reçut à Montréal, fit un don au chapitre de la collégiale. Les chanoines utilisèrent le don, pense t'on, pour faire sculpter ces stalles. Exécutées entre 1530 et 1550, elles sont attribuées aux frères Rigolley de Nuits-sur-Armançon.
 Les compères
Cette scène - emblème de Montréal - serait un clin d’œil des sculpteurs. En effet, la tradition veut que les frères Rigolley se soient représentés eux-mêmes en train de se servir du vin avec un pichet, en bons bourguignons qu’ils sont, peut être pendant la pause.
 Les personnages au lutrin
 Les deux lions
Deux lions se font face en se disputant un os, saisissants de réalisme. Peut-être évoquent-ils l'âpreté des luttes entre les hommes et la loi du plus fort qui trop souvent l'emporte.
 Allégorie de la force
Un homme barbu terrasse des lions. Certains y voient une évocation biblique : David ou Samson combattant un lion. Peut-être le lion est-il une figure du mal ?
 L'adoration des mages
Les rois mages, richement vêtus à la mode orientale du xvie siècle, viennent déposer leurs offrandes aux pieds de l'enfant-Jésus.

Le péché originel
On y voit Adam et Ève dans le paradis terrestre, de part et d'autre de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le démon, à tête humaine, est caché dans l'arbre et semble d'adresser à Ève.
Adam porte la main à sa gorge, comme s'il avait déjà mangé le fruit défendu. L'expression de son visage souligne sa prise de conscience tardive.
 La présentation de Jésus au temple
Marie et Joseph présentent Jésus au vieillard Syméon et à la prophétesse Anne.
Les stalles sont des sièges destinés aux chanoines. La miséricorde est la partie du siège qui se rabat, permettant ainsi aux chanoines de se reposer au cours des longs offices, sans véritablement s'asseoir, d'où son nom. Les sculptures des miséricordes sont toutes différentes.

Je quitte ce magnifique bâtiment et reviens en ville pour faire valider ma carte de route. J'ai donc accompli les trois circuits de cette très belle "RP". Au total de ce jour 115 kms et 1218m de dénivelé.

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