vendredi 4 mai 2012

BCN BPF MIREPOIX

Dernière sortie pour achever l'otention des sites contrôles de l'Ariège. Aujourd'hui ce sera une randonnée longue - elle devrait approcher les 100 kms - avec les difficultés sur la fin. Le départ se fait vers 7h45 compte tenu d'une météo qui doit se gâter en début d'après midi. Le ciel est couvert, la température de 12° et un vent venant du Sud-Est à 10-20 kmh qui me sera favorable au retour. Pour ce parcours, j'ai pris le circuit n°4 de la "Randonnée Cyclotouriste dans l'Ariège-Pyrénée".

En cliquant ICI vous aurez le détail du parcours.

 Je traverse Foix
 pour longer ensuite l'Ariège sur sa rive gauche.  L'Ariège prend sa source dans les Pyrénées à 2 400 m d'altitude dans le cirque de Font-Nègre, à la frontière entre l'Andorre et le département des Pyrénées-Orientales, et se jette dans la Garonne au sud de Toulouse, à la hauteur de Portet sur Garonne, dans le département de la Haute-Garonne, après un parcours de 170 km.

J'entre à Vernajoul où je m'attarde devant son église romane, l'Assomption.
 Plus loin, je refranchis l'Ariège à Saint Jean de Vergès.
 L'église romane Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Verges date du XIIème siècle. C'était alors un prieuré de l'abbaye Saint-Volusien de Foix.
 Cette église est une des plus belles de l'Ariège. Son plan comprend une seule nef prolongée par une abside percée de trois fenêtres. Au niveau du choeur un appendice a été rajouté de chaque côté de la nef sur lequel s'ouvre une absidiole. Ils devaient être occupés par les religieux désireux de s'isoler des fidèles. Extérieurement cet ensemble compose un chevet très harmonieux. Cette impression est renforcée par la riche ornementation de l'abside.
 C'est en l'église de Saint-Jean-de-Verges que le comte de Foix Roger-Bernard II se soumit à Louis IX, roi de France, lors de la croisade des Albigeois et fut absout par le légat du Pape d'excommunication pour avoir pris la défense des Cathares.
 Après avoir franchi une partie urbaine sur 20 kms, le circuit part dans la campagne. Aux Issards, je quitte ce circuit n°4 pour me diriger vers Mirepoix. En chemin, je franchis l'Hers, l'affluent le plus important de l'Ariège dans laquelle il se jette en rive droite à Cintegabelle (Haute-Garonne).
Plus loin j'arrive à Vals. Ce village est connu pour son église semi-rupestre construite sur trois niveaux, dominée par une tour aux allures de donjon. Les fresques de l'église ont été rénovées en 2009, chantier qui dura plus de 3 mois, sous le mandat de Jean Pons, rendant ainsi de la fraicheur à leur beauté.


 L'église de Vals est semi-rupestre, ce qui signifie qu'elle est en partie construite dans la roche (poudingue de Palassou), du moins pour sa partie basse. Il s'agit d'un aménagement des larges diaclases naturelles de la roche (et non pas des failles comme il a été souvent écrit), utilisant la principale comme entrée. De nombreuses hypothèses courent au sujet de cette diaclase et des abris sous roche voisins ; il a été avancé une activité de culte très ancien (remontant peut-être à 2 000 ans avant J.C.) mais sans aucune preuve matérielle. Ce dont nous sommes à présent certains, c'est qu'un village prenait place sur ce lieu dès le ixe siècle avant notre ère (de nombreux tessons de céramique protohistorique datant de la charnière entre le bronze final et le premier âge du fer ont été découverts). Un sondage pratiqué en 2008 a révélé une sépulture collective de la fin du Néolithique. Quelques objets des périodes gallo-romaine et mérovingienne sont présents, confirmant la pérennité de l'occupation. C'est surtout dans le bas Moyen Âge, autour de l'église romane, que le site connut sa plus grande occupation avec le développement d'un grand cimetière et d'un habitat en partie fortifié.
 Les soubassements de l'église remonteraient au moins au Xe siècle (fin de l'époque carolingienne).

 L'abside conserve des fresques romanes du premier quart du XIIe siècle : les couleurs employées sont le noir, le rouge, le jaune, le gris et le blanc. L'absence du bleu et du vert témoigne de l'ancienneté des peintures. Découvertes par l'Abbé Durand en 1952 sous un enduit, elles furent nettoyées et consolidées en 1956. Leur dernière restauration a été réalisée de façon exemplaire de 2006 à 2008 par Jean-Marc Stouffs.
Ces fresques (pigments délayés à l'eau et déposés à la surface d'un enduit frais), d'une qualité exceptionnelle, sont à lier avec un art provenant de Catalogne, comme l'indiquent la physionomie des personnages et différents détails iconographiques. Influencées par les peintures de l'atelier du Maître de Pedret, mais d'un style plus linéaire que celles de Saint-Lizier (Ariège) et de la Catalogne, elles sont d'un très grand intérêt pour l'histoire de l'art de la période romane.


Ici sont représentés les Apôtres saint Philippe et saint Barthélémy.

 L'Annonciation et la Nativité : un ange désigne la Vierge Marie, saluée par l'Archange Gabriel. Marie est également peinte couchée sous une couverture richement ornée. Cette représentation, la montrant juste après l'accouchement, est peu fréquente. Elle prend place au-dessus du Bain de l'Enfant : le Christ est tenu par deux femmes auréolées. Cette scène est caractéristique de l'art byzantin.

Détail de  L'Annonciation et la Nativité .
 L'édifice a la particularité d'être construit sur trois niveaux :
Une nef inférieure, dans la roche, prolongée par une abside rectangulaire abritant des fresques romanes. La nef inférieure, appartenant à un probable édifice préroman, est la partie la plus ancienne. On y trouve toutefois deux dalles funéraires du XVIIIe siècle : celle de la comtesse de Lascaris de Vintimille et de sa mère, qui habitaient à Vals dans une maison fortifiée encore visible, non loin de l'église. Une autre dalle funéraire est celle de l'Abbé Durand, inventeur des fresques en 1952 et qui a débuté les recherches archéologiques autour de l'édifice. L'abside, quant à elle, date du xie siècle et aurait été voûtée au xiie siècle.
Les deux niveaux supérieurs ont vue sur l'autel placé au premier niveau.
 Une nef supérieure, remaniée à plusieurs époques, en particulier au XIXe siècle où elle a été surélevée. En 1887 on y installe des vitraux, portant les armes du marquisat de Portes.
 Une chapelle haute du XIIe siècle dédiée à saint Michel surmontée d'une tour-donjon élevée vers le XIVe siècle. La croix accrochée sur la tour, classée en 1959, est une croix discoïdale provenant de l'ancien cimetière médiéval.

 Je poursuis ma route et arrive à Mirepoix, mon dernier "contrôle" du département de l'Ariège. Dépendante du comté de Foix, la ville fut gagnée par le catharisme à la fin du XIIe siècle. Un concile en 1206 y rassembla 600 cathares. La ville fut prise en 1209 par Simon de Montfort qu'il donna à un de ses lieutenants Guy de Lévis, d'où la famille de Lévis-Mirepoix.
La ville, initialement établie près du lit de l'Hers, sur sa rive droite, est inondée par une violente crue (accompagnée de la rupture du verrou du lac de Puivert) en 1289, et non 1279, comme l'erreur ancienne d'un copiste l'a longtemps fait croire.
Totalement détruite, elle est rebâtie immédiatement sur l'autre rive de la rivière, mais cette fois sur une terrasse naturelle surélevée, cédée par le seigneur de Mirepoix.
Mirepoix n'est donc pas à proprement parler une « bastide » (ville nouvelle de repeuplement), mais une ville ancienne reconstruite sur les plans urbanistiques en vigueur à cette époque, et qui sont typiques des bastides.
Mirepoix fut un évêché jusqu'en 1801.

 Un arrêt est quasiment obligatoire pour la Cathédrale Saint Maurice. Le vocable de Saint-Maurice lui vient de la première église, alors construite sur la rive droite de l'Hers-Vif. Le 22 septembre 1209, le jour de la saint-Maurice, les armées de Simon de Montfort prennent la ville et placent l’église sous le patronage du saint et de ses compagnons. Mais cette église n’est plus, emportée par l’inondation du 16 juin 1289, qui fait déplacer la ville sur la rive gauche.
La cathédrale que nous connaissons vit sa première pierre posée par Jean Ier de Lévis-Mirepoix, le 6 mai 1298 (date à laquelle a été posée la pierre de dédicace). Son édification s’étala sur six siècles, avec des interruptions.

 Il faudra attendre le XVIe siècle avec l’évêque exceptionnel que fut Philippe de Lévis pour qu’enfin des travaux significatifs soient portés à leur terme : il fait démolir les maisons accolées à la cathédrale, dégageant ainsi l’édifice, l’agrandit, l’embellit, et surtout fait construire le clocher dont la flèche, très aiguë, à 8 faces, porte à 60 mètres de hauteur la croix terminale, ce qui en fait la plus haute du département. Deux étages carrés maintenus par des contreforts sont surmontés par deux étages octogonaux éclairés par des fenêtres ogivales à abat-son. Ce clocher, achevé en 1506, abrite 16 cloches, dont un bourdon de deux tonnes (le plus lourd du Sud-Ouest). C’est également de cette époque que date la porte renaissance, longtemps démontée, que l’on a retrouvé en 1952 et le porche d’entrée.

 Elle sera restaurée en 1858 et 1859 par Mérimée et Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier trouve un édifice désaxé et dissymétrique, très hétérogène, et en piteux état… Il fait édifier des arcs-boutants en pierre, et la voûte est enfin construite. En 1860, sa nef, élargie de 3,30 m et la portant ainsi à 21,40 m, en fera la plus large nef unique dans le style architectural gothique languedocien. Cette restauration (en fait une reconstruction en grande partie) a eu et a toujours ses détracteurs. Viollet le Duc — appliquant ses principes — supprime, rajoute, agrandit, réinterprète… mais permet à cette cathédrale, jamais terminée et modifiée à des époques bien différentes, d’acquérir une certaine unité de style.

 Sorti de la cathédrale, il faut alors se promener sur la place des Couverts.

 L'étymologie du nom Mirepoix semble ne pas faire entièrement consensus: la plupart des références (guides touristiques, etc.) mentionnent une origine basée sur l'occitan Mira Peis c’est-à-dire « qui regarde les poissons », ce qui ferait référence au fait que la ville est bâtie à proximité d'un gué sur l'Hers, aux eaux supposées suffisamment claires et limpides en cet endroit pour pouvoir y admirer les poissons.
 Cette explication est toutefois réfutée par les érudits qui se sont penchés sur la question2
Selon ces travaux, l'origine du nom vient du bas latin « Mirum Podium », ce qui signifie : « qui regarde la montagne ». En effet, la ville de Mirepoix fait directement face aux cimes du massif de Tabe qui se dressent en une toile de fond impressionnante (voir gravure ci-contre). Sur le site « histariege », on trouve notamment l'indication suivante : « Le nom primitif était "Mirum Podium" ». L'évolution normale de ce toponyme en occitan devient alors Mira Puèg, une étymologie fautive, assez ancienne, aurait alors transformé ce nom en Mira Peis, phonétiquement voisin.
Les maisons de Mirepoix s'organisent autour de cette magnifique place du XII : la Place des Couverts.
Les galeries, où sont aujourd'hui installés des commerces et qui constituent de bien agréables terrasses de café, dateraient du XV°. Elles s'appuient sur des piliers de chêne; les poutres horizontales soutiennent les premiers étages des maisons, dont les façades peintes réhaussent les colombages et contribuent à une ambiance chaleureuse et gaie, peut-être un art de vivre...
Les poutres de la Maison des Consuls sont particulièrement travaillées : sculptées de têtes humaines très expressives ainsi que d'animaux divers.

 En 1279, la bastide de Mirepoix fut entièrement détruite par une terrible inondation provoquée par la rupture du barrage du lac de Puivert. La ville fut rebâtie sur la rive gauche, selon le plan classique des bastides. En 1317, le pape Jean XXII érigea la ville en évêché, mais l'expansion économique de la ville fut stoppée par les troubles de la guerre de Cent Ans. Mirepoix s'entoure alors de remparts, percés de portes fortifiées et de larges fossés. La place centrale est un joyaux architectural du moyen-âge.

 Muni de mon tampon sur ma carte, je quitte Mirepoix et poussé par un vent favorable, je regagne Saint-Paul-de- Jarrat. L'itinéraire va devenir plus accidenté. 
En chemin, je m'arrête devant le château de Rocles. Ce château est bâti sur une assise élevée et rocheuse, d'où son nom de Rocles, ou Rogles. On le trouve aussi, parfois, écrit Roglès car, autrefois, on prononçait toutes les lettres, et on ne disait pas" Rogle " mais" Roglès ". Tout ceci n'est qu'une simple question de prononciation: du moment que l'on sait de quoi on parle... .
Ce château se situe sur une petite éminence au sommet de la colline de la Barre (361 mètres d'altitude), qui a une pente abrupte à l'est. De cette hauteur, le château domine la confluence de plusieurs vallées (celles du ruisseau du Douctouyre, du Gourds et du Ternesse). Le bombement sur lequel se situe le château a une forme quadrangulaire; il ne semble pas naturel.
L'édifice n'apparaît dans les textes qu'en 1554 lorsqu'il appartient au seigneur de Montfaucon, mais l'aménagement du site (talus, bombement, terrasses) atteste une Oligine beaucoup plus ancienne (sans doute médiévale). En effet, il semblerait qu'à l'origine c'était une tour de guet construite au Xème siècle, dépendant du château de Dun. Le château aurait ensuite été construit à l'époque post médié- vale, au XVlème ou XVIIème siècle. Mais, la partie fortfiée du Château de Rogles fut vraisemblablement démolie en 1632 par ordre de Richelieu, en même temps que le Château de Roquefixade.
 La première "grimpette" me mène dans un dernier kilomètre à 6% au Col de Saint Christaut.
 Puis se présente pour le deuxième fois de la semaine le col de Charcany et ses 2% de moyenne ....
 suivi par le col de Py.
Et c'est la descente vers Foix que je traverse ce jour pour la dernière fois. Le 4 mai marque donc l'acquisition de tous les sites BPF/BCN de l'Ariège.

Voilà c'était la dernière randonnée : au total 92 kms et un petit 814 m de dénivelé. Il était temps d'arriver car les premières gouttes commençaient à tomber.

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